Nul besoin de présenter Victor Hugo.
"Les misérables" ou encore "Notre Dame de Paris" sont connus dans le monde entier. Romancier inclassable, dramaturge ambitieux, poête hors pair, grand voyageur, dessinateur, photographe, décorateur, homme de conviction religieuse, homme politique, Victor Hugo faisait sans aucun doute partie des grands de ce monde.
Sous le Second Empire, opposé à Napoléon III, il vit en exil à Bruxelles, puis à Jersey. Le souvenir douloureux de Léopoldine sa fille — ainsi que sa curiosité — le pousse à tenter des expériences de spiritisme consignées dans Les Tables tournantes de Jersey.
Chassé de Jersey en 1855 pour avoir critiqué la reine Victoria, il s'installe à Guernesey dans sa maison Hauteville House. Il fait partie des quelques proscrits qui refusent l'amnistie décidée quelque temps après (« Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là »). Ces années difficiles sont très fécondes. Il publiera notamment Les Châtiments (1853), œuvre en vers qui prend pour cible le Second Empire ; Les Contemplations, poésies (1856) ; La Légende des siècles (1859), ainsi que Les Misérables, roman (1862). Il rend hommage au peuple de Guernesey dans son roman Les Travailleurs de la mer (1866).
Hauteville House n'est pas un musée et ce n'est pas seulement la maison où Victor Hugo passa quatorze ans d'exil et où sont accumulées des richesses incomparables, c'est véritablement une création hugolienne, de plus lors de la visite on y perçoit une présence ; elle est restée comme impregnée de la personnalité de Hugo , au milieu de ces meubles et de ces tapisseries qui semblent vivre d'une vie mystérieuse, l'impression indéfinissable d'être accompagné par une ombre familière s'insinue en nous.
Ce sont les héritiers de Victor Hugo, Jeanne (sa petite fille) et les enfants de Georges (son petit fils) qui ont fait don de cette maison à la Ville de Paris en 1927.
Voici quelques clichés de ce fabuleux endroit:
Commençons la visite par la Salle de billard,
Cette vaste pièce est moins décorée que les autres, elle est la seule de la maison qui ressemble à un musée. Sa décoration proprement dite a été négligée, les portes intérieures sont unies et le plafond est resté nu. Débarrassée des caisses d'objets precieux que Hugo y avait entassé, cette pièce est de nos jours une sorte de préface à la visite ; on y trouve des objets précieux et des portraits de la famille dont certains sont l'oeuvre de Madame Hugo, ainsi que des dessins de Hugo.
Ce salon fait suite à la salle de billard. Dans cette pièce, où pénètre une lumière adoucie, règne une atmosphère d'apaisement et d'intimité, c'est là que la famille prenait le café et donnait de petites soirées.
Les murs et le plafond sont recouverts de tapisseries du XVIIIème siècle, sauf les petites tapisseries autour de la fenêtre qui sont du XVIème siècle.
La grande tapisserie qui recouvre le mur de gauche et qui représente une scène de chasse, est une tapisserie d'Aubusson.
Juste face à la tapisserie d'Aubusson, une cheminée de chêne, imposante, monumentale, surchargée de sombres sculptures, occupe, jusqu'au plafond, presque tout le mur. Cette "cathédrale de chêne" constitue induscitablement l'oeuvre maîtresse du poète architecte.
Elle est faite de fragments de meubles anciens, assemblés sur un plan qui rappelle à la fois le Moyen Age, la Renaissance et l'époque Louis XIII. Les détails sont innombrables et compliqués, mais ils sont ordonnés avec un art si subtil qu'ils se fondent harmonieusement dans l'ensemble.
L'atelier que l'on appelait aussi fumoir, est une pièce lumineuse aux larges ouvertures vitrées, qu'emplit toute la gaîté du jardin. Même s'il est arrivé à Victor Hugo de travailler dans cette pièce, elle était plus simplement réservée à la détente.
Au plafond, une très belle tapisserie flamande. Par sa composition et ses proportions monumentales, le bahut installé contre le mur de droite ressemble à la cheminée du salon des tapisseries. Il se compose de trois coffres anciens soutenus par deux pieds de table et une base en bois scuplté (des chérubins et des chandeliers à sept branches).
A droite, dans le mur faisant face au jardin, une petite porte donne sur un cabinet noir avec évier, où Charles Hugo et Auguste Vacquerie, passionnés de photographie, développaient leurs plaques.
Une porte à double battants permet d'accèder à la salle à manger, "Salle à Mauger" comme la surnommait la famille Hugo, en référence à l'artisan Monsieur Mauger qui a "reconstruit" la maison avec l'aide de trois ouvriers : James, Jean et Gore. Cette pièce fut donc la première à laquelle ils s'attaquèrent et ils mirent un an à la décorer.
Avant d'entrer, un détail pratique, on peut voir à gauche de l'entrée de la salle, le monte charge qui apportait les plats du sous-sol où se trouvaient les cuisines.
Cette pièce, Hugo l'a voulue magnifique, avec une profusion de détails dans une grande unité. Trois types de revêtement ont été utilisées : les carreaux de faïences, le bois de chêne, et les tapis et tapisseries.
Puis voici l'étonnante et massive cheminée, bloc de céramique à fond blanc, et son immense lettre H, initiale de Hugo et de Hauteville House, dessinée en relief par de petits carreaux à dessins bleus. "Cet H monumental se dresse comme la signature de pierre de la maison". Le foyer est fermé par un panneau peint du XVIIème siècle.